On ne tire pas sur une ambulance.

Le moins que l’on puisse dire concernant l’année qui vient de s’écouler est , qu’elle fut chaotique, fastidieuse et sans aucune visibilité. Un cauchemar dont on est pas encore sorti à ce jour et qui durera encore quelques mois, si on se réfère aux dires des instances internationales telles que l’OMS qui lors de sa conférence de presse de fin d’année et malgré la mise en place de vaccins et de médicaments, en est toujours dans la recherche de solutions pour mettre fin à cette pandémie.

Aussi, nous devrions comprendre que le fait de changer d’année, comme lorsqu’on avait mis fin à la période de confinement, ne signifie pas pour autant, que nous sommes sortis de la crise actuelle qu’elle soit sanitaire, économique ou sociale.

Sur le plan sanitaire et malgré le fait que le ministère de la santé a été sur tous les fronts, force est de constater qu’actuellement, il manque totalement de communication précise pour rassurer et la population et les entrepreneurs que nous sommes.

Nous nous posons tous la question de savoir quand allons-nous commencer la vaccination ? Quel type de vaccin sera finalement adopté ? Combien de temps durera la vaccination ? Autant de questions sans réponse, ce qui laisse libre court à une frustration de plus en plus généralisée qui se manifeste dans les réseaux sociaux par des commentaires disgracieux et malveillants.

Le Ministère de la Santé, après avoir égrené pendant des mois tous les jours les chiffres du COVID-19 à la télévision, créant un climat anxiogène intenable, aujourd’hui nous devons aller chercher l’information qui reste encore une fois limitée au nombre de cas journaliers, nombre de remissions et nombre de morts, sans aucune analyse de l’évolution de la pandémie ni aucune explication sur la hausse ou la baisse des cas. Du coup, chacun y va de sa propre lecture,  la rumeur remplace l’information et les adeptes de la théorie du complot s’en donnent à cœur joie.    

La dernière publication sur la page FB du ministère à soulevé l’ire des internautes et cela est dommageable, quand on sait les efforts consentis par le personnel soignant depuis le début de cette pandémie. Nous leur sommes tous reconnaissants pour leur dévouement et leurs sacrifices, on ne les remerciera jamais assez.

Sans visibilité, nous ne pouvons malheureusement pas,  nous projeter vers une reprise ou une relance. Cette situation de « stop and Go » n’est pas viable et nous perdons beaucoup d’énergie et également de crédibilité vis a vis de nos prescripteurs. L’état d’urgence sanitaire est prolongé de mois en mois et les contraintes sont loin d’être levées pour notre secteur qui a besoin de recouvrer la confiance des visiteurs.

La vaccination massive à l’échelon mondiale serait à mon humble avis l’unique moyen de juguler cette pandémie et retrouver progressivement la sérénité dont nous manquons cruellement en ce moment.

Concernant la situation économique du secteur du tourisme, elle dépend principalement de la rapidité avec laquelle la situation sanitaire sera maitrisée. A chaque fois qu’une levée de restrictions a été annoncée cela s’est traduit par des réservations de séjours nationaux et internationaux même avec la contrainte du test PCR ou l’autorisation du Pacha, il suffisait de libérer la mobilité. L’envie de voyager existe bien et notre destination continue d’attirer les touristes, mais le fait de changer de cap à la dernière minute commence à vraiment lasser. Impossible de planifier et du coup , l’espoir laisse la place au désespoir.

Sans compter que la majorité des  mesures actées dans le contrat programme tardent à se mettre en place, notamment la mesure 7 concernant le moratoire pour le remboursement des crédits bancaires et des échéances de leasing sans frais ni pénalités pour les entreprises touristiques et leurs ressources humaines. Un engagement de l’état qui tombe sous le bon sens, vu que l’activité est à l’arrêt et ne pourra pas redémarrer avant longtemps.

Je suis désolé de le dire, mais même l’indemnité forfaitaire de 2000 dh, versée directement aux salariés est engloutie par les banques dès sa réception alors que le moratoire est acté depuis le 6 aout 2020 date de signature du contrat programme.

Rappelez-vous, l’indemnité de Juillet et Aout a été versée en Octobre, celle de Septembre en Novembre, celle d’Octobre en début  Décembre et celle de Novembre à la fin Décembre. Tous les salariés, sans exception ont recourt au crédit pour pouvoir tenir et il faut croire que l’épicier du coin , le boucher ou le marchand de légume sont plus solidaires que les banques. Ils font crédit sans intérêt et sans aucune caution de garantie, ils font confiance c’est tout.

Si nous avons pu éviter des émeutes sociales, comme cela fut le cas sous d’autres cieux, c’est vraiment grâce à la confiance du peuple en notre  Roi qui a très vite manifesté de l’intérêt et de la compassion et à cette solidarité qui a été omniprésente depuis le début de cette pandémie entre les marocains quel que soit leur statut social.

Le secteur du tourisme a été le plus impacté et valeur aujourd’hui, il continue à souffrir de ce manque de visibilité. Presque 10 mois à attendre une hypothétique reprise, on s’est dit après le Ramadan , puis on a espéré pendant les vacances été, puis l’Aïd el Kebir, puis les vacances de la Toussaint, puis enfin les fêtes de fin d’année …rien , que des rendez-vous ratés, des stocks avariés, des véhicules à l’arrêt, des points de ventes fermés, des nuitées perdues , et un doute qui s’installe de plus en plus dans les cœurs  et dans les esprits.

On s’attendait à une refonte avec simplification et amélioration du dispositif fiscal global lié à notre secteur qui comme chacun le sait est très contraignant pour notre compétitivité, tel que décidé dans la mesure 11 du contrat programme,  en lieu et place on a eu dans le cadre de la loi de finance 2020 (votée avant le covid), la possibilité de souscrire volontairement à l’article 247 du code Général des impôts et de s’acquitter spontanément du surplus d’impôt ( TVA, IR et IS) concernant les exercices 2016-2017 et 2018 et ce avant le 15 Décembre 2020 exceptionnellement en contrepartie d’une dispense de contrôle fiscal sur ces mêmes exercices. Cette mesure transitoire a été proposée à tous les contribuables sans distinction.

Nous aurions espéré, vu ce que notre secteur a enduré pendant l’année 2020 et ce qu’il risque d’endurer encore dans le futur, bénéficier de ce tte amnistie sur la base des déclarations faites en temps et heure pour ces exercices et contrôler, si besoin est, l’année 2019 et l’année 2020. En période de guerre, on ne tire pas sur les ambulances.

Notre secteur a besoin de recouvrer la confiance de nos institutions, de nos marchés et de nos concitoyens pour jouer pleinement son rôle (au sortir de cette crise) de levier économique et social, créateur d’emploi, générateur de richesse ruisselantes et pourvoyeur de devises.

Le bout du tunnel est encore loin, en attendant, souhaitons nous une bonne année 2021.

Author: Fouzi ZEMRANI

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2 Comments

  1. Merci Si Fouzi pour cet article, encore une fois en prise directe avec la réalité de la situation que traversent les professionnels du tourisme au Maroc.
    Je ne peux qu’espérer que ton article soit lu en hauts lieux, car tu reprends avec fidélité et objectivité ce que nous subissons, tant au niveau de nos sociétés qu’au niveau personnel. Et cela n’a que trop duré, il faut qu’on sache ce que nous subissons et dans quel état est le secteur.
    L’exemple du moratoire sur les échéances est aussi flagrant que scandaleux. Je le vis personnellement depuis le 1er Juillet, et je peux te confirmer que les banques continuent d’une part à accumuler les échéances impayées et à se ruer sur mon compte bancaire, faiblement alimenté par l’aide de la CNSS, pour se faire payer en priorité.
    Sans parler des intérêts divers et variés qui viennent alourdir la facture. Après, comment les gens peuvent vivre tout un mois, ce n’est visiblement par leur préoccupation…
    Vous avez dit scandaleux ? C’est la triste réalité: ce qu’une main donne, l’autre la reprend aussitôt!
    Et je ne parle même pas du problème de l’attribution des crédits relance, Jean Pierre Datcharry l’a parfaitement fait dans le commentaire précédent.
    A mon humble avis, l’ambulance ne viendra plus.

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  2. Merci de ton post Fouzi,
    tu fais bien de parler d’AMBULANCE,
    notre secteur est gravement impacté et notre santé sérieusement détériorée.

    Les employés du secteur ont été aidés par l’état, Dieu merci, cela a sauvé l’aspect social.

    Les ENTREPRISES ont eu accès au crédit Oxygène assez facilement.

    Pour le CREDIT RELANCE, nous permettant de nous relancer déjà en réglant des fournisseurs en crédits, l’équipe qui reste au travail et la relance de l’activité, les banques n’ont pas suivi comme elles le devaient, comme demandé par Sa Majesté et par le Gouvernement, avec une garantie de 95 % par l’état.

    Dans notre cas, Désert et Montagne Maroc à Ouarzazate, 2 x le dossier refusé, nous avons trop de charges pour les banques. Et comment faire, nous sommes donc EXCLUS de la RELANCE ?

    Nous avons joué le jeu de déclarer TOUS nos COLLABORATEURS (35), même les chameliers, cuisiniers de bivouacs, gardiens, chauffeurs.
    Et aujourd’hui nous sommes lâchés par les banques, alors qu’il ne s’agit pas d’un don, c’est un crédit avec intérêts.

    Les crédits et leasings véhicules en cours, ont été reporté seulement 2 mois, et comment faits ont avec les échéances qui s’accumulent depuis 8 mois et nos véhicules au parc ?

    Oui nous vivons une vraie guerre, et nous avons bien peu pour nous défendre, même notre propre camp (l’état) avec qui nous avons loyalement contribué pendant des décennies avec nos impôts, le développement de l’activité, les rapatriements de devises, les risques pris.

    Ce crédit relance a été fait pour que TOUS les opérateurs du TOURISME qui prennent des risques, qui ont contribué au développement de notre pays puissent repartir.

    Espérons ne pas mourir avant que l’ambulance arrive…

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