Marrakech, terrain de jeu des lowcost ?

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Comme prévu, la 11eme édition de French Connect, a eu lieu à Marrakech. Cet événement créé a l’origine pour connecter les aéroports français aux compagnies aériennes européennes , s’est délocalisé pour la première fois et s’est rebaptisé “ CONNECT “ pour l’occasion.

Connect 2014, de l’avis des organisateurs et des participants, a tenu ses promesses au-delà de leurs attentes, tant sur le plan organisationnel, que sur le plan business. Placé sous le Haut patronage de SM le Roi et porté par l’ONDA en partenariat avec l’ONMT, la Région et le CRT Marrakech Tensift El Haouz, « Connect 2014 » a vu la participation de 41 compagnies aériennes dont Royal Air Maroc et Air Arabia, 62 Aéroports + les 26 aéroports marocains représentés par l’ONDA, ACI Europe, APG, ERA, L’Union des Aéroports Français, 21 Média Internationaux, la presse nationale et les CRT de Casablanca, Fez, Guelmim, Ouarzazate et Zagora.

En tout plus de 350 personnes , toutes présentes dans le seul objectif de créer des partenariats. Ici tout s’y prête, le net working, les conférences, les pauses café, les déjeuners et les soirées. Chaque moment est mis à profit pour établir le contact, mettre en avant son produit, sa destination, sa compagnie, son savoir faire ou tout simplement débattre de la conjoncture, de l’avenir, de la profession, de la politique, de l’économie …aucun sujet n’est éludé.

Dans ce forum, nos deux Ministres, Aziz Rebbah et lahcen Haddad, se sont exprimés sans langue de bois, face au parterre de professionnels de l’aérien, conscients des enjeux et du poids de l’industrie aéronautique en General et du tourisme en particulier. Les messages étaient clairs avec un accord Open Sky aujourd’hui assumé mais qui doit néanmoins assurer une pérennité pour les entreprises nationales et notamment les compagnies aériennes.

Les Directeurs Généraux, de l’ONDA et de l’ONMT, messieurs El Aoufir et Zouiten ont montré une cohésion entre leurs deux entités. Cohésion qui s’est matérialisée tout au long de ce forum par des démarchages conjoints entre leurs deux équipes tant auprès des compagnies aériennes que des aéroports présents à Marrakech. Le CRT Marrakech a lui aussi été associé à chaque fois pour apporter sa contribution en donnant les arguments nécessaires qui font l’attractivité de la région : diversité du produit, authenticité, qualité de services, infrastructures, animation, sécurité, hospitalité et tolérance.

Et tous s’accordent à dire, que Marrakech est aujourd’hui une destination qui permet de faire une croissance à deux chiffres, quand je dis tous, je pense à Ryanair, Easyjet, Transavia, Binter, Vueling et autres compagnies lowcost qui desservent le Maroc. Pour les autres régions, Fez, Ouarzazate, Agadir, Essaouira, Tanger, Oujda, c’est un peu plus difficile et c’est pour cela que la présence des autres CRT à cet événement était importante pour écouter les compagnies et rectifier le tir.

Au niveau des compagnies nationales présentes, le bilan est à mon avis très mitigé, entre Air Arabia qui a été présente sur tout les fronts avec une équipe restreinte mais combien efficace, et Royal Air Maroc qui a inscrit pas moins de 8 délégués, mais qui a été moins présente en terme de net working, il y a lieu de se poser quelques questions.

Lors de la conférence débat du Mercredi, à laquelle ont participé les DG des deux offices, Le Dg de Transavia, le DG de XL Airways France, le Directeur France de Easyjet, le DG de Fastjet et la DGA de la RAM, il beaucoup été question des changements intervenus dans l’aérien avec l’arrivée des lowcost, et également de l’open sky en ce qui nous concerne.

Pour XL Airways, il a pris acte de la disparition du charter au départ de France et par là la difficulté des TO français, et se concentre dorénavant sur le long courrier vers La Martinique. Cela avec une période de basse saison, où il est très difficile de remplir les vols, même avec des prix très bas. Il impute cet état à la qualité du produit Martiniquais et au manque d’infrastructures touristiques à même de booster la destination.

Pour Easyjet qui répondait à une remarque de l’ONMT, sur le manque de sièges aériens pour une clientèle dite de haute contribution, les prix pratiqués par sa compagnie prennent en considération que sur une durée de vol inférieure à 3 heures, les clients préfèrent économiser sur l’avion pour laisser plus au séjour. Il en veut pour preuve le nombre de clients de la Mamounia qui voyagent actuellement par sa compagnie.

Pour la RAM, après avoir assaini ses comptes et retrouvé l’équilibre, la priorité est aujourd’hui le continent africain avec le Hub de Casablanca pour la continuation de ses vols de et vers l’Europe, et demain, avec l’arrivée des dreamliners, des longs courriers vers l’Amérique et l’Asie. Pour rappel, la RAM a commandé depuis 2005 quatre Boeing 787, avec un cinquième en option, qui devaient être livré en 2012 et qui sont maintenant prévus pour cette année, sauf autre report.

En conclusion, il ressort de ces différents débats, que la destination Maroc, et plus particulièrement Marrakech est aujourd’hui le terrain de jeu des compagnies lowcost avec un désengagement progressif de la RAM qui se replie sur son Hub pour l’international en continuant à jouer son rôle de compagnie nationale par la création de lignes domestiques vers les régions enclavées.

Pour les compagnies lowcost, tant qu’il y aura de l’attractivité, et tant que la situation géopolitique le permettra, elles augmenteront leurs trafics vers notre destination et chercheront toutes a y implanter des bases. C’est une excellente chose pour notre tourisme, mais il faudra veiller a ce que cette situation ne débouche avec le temps à une dépendance totale de compagnies étrangères. Pour notre pérennité et pour notre équilibre, nous devons penser à favoriser l’accompagnement et l’émergence de compagnies nationales. Il va de même pour nos services et notre tourisme interne.

Author: Fouzi ZEMRANI

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2 Comments

  1. Merci pour ce résumé de l’évènement.
    Nous avons besoin d’être informé pour mieux comprendre et accompagner.

    Croissance à 2 chiffres des lowcost sur Marrakech: nous sommes ravis pour la destination de Marrakech.

    Pour Ouarzazate et Sud, il est nécessaire que ces lowcost de l’Europe franchissent l’Atlas, c’est la CLEF de son développement.
    Puisque émergence de compagnies Nationales, espérons que cette saine concurrence ne tarde pas trop à se mettre en place, il y a une véritable urgence d’ouverture du Ciel au Sud.

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  2. Le décor est planté !Mais encore ne faut-il pas qu’il y ait profusion du low-cost ( et ce même au niveau de Marrakech), un dosage cohérent entre vols réguliers, low-cost et charter déployé en fonction de l’attractivité et des caractéristiques de chaque région ciblée serait de mise !

    Pour autant, il faut songer au positionnement qualitatif de la destination en tout et pour tout : Pour le Maroc qui prétend être plus dans le haut de gamme ..

    C’est un point sensible à mon avis, qui doit véritablement être pris en compte.

    Du reste, je vous remercie Fouzi pour votre excellent rapport à l’issue de votre participation à la première édition du CONNECT délocalisée à Marrakech.

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