CORONAVIRUS/TOURISME Saison 2

Pour relire la saison 1

Début de la saison 2 : Nous sommes le 10 juillet, cela fait un mois que le confinement a été levé, mais de manière progressive et non totale. Dans une réunion tripartite, Intérieur, Santé et Tourisme, à laquelle ont été invité les professionnels du tourisme, on apprend que les frontières resteront fermées, mais que certaines mesures seront allégées, notamment la possibilité pour les hommes d’affaires étrangers de se rendre au Maroc par voie aérienne, moyennant un test PCR de 48 heures et une réservation d’hôtel.

Depuis le 10 juin, il y a deux zones, une zone1 avec un large allègement des restrictions sanitaires et une Zone 2 avec des limitations plus contraignantes ( Autorisation de circulation et fermeture des commerces à 20h). Cette zone 2 comprend notamment des territoires à forte densité urbaine et connotation touristique :  Régions de Casablanca, Fez, Tanger et Marrakech. La région d’Agadir est par contre dans la zone 1 et c’est une bonne chose, puisqu’on aborde la saison estivale, il en est de même pour M’diq-Fnideq, Tétouan, Al Hoceima et Dakhla.

C’est sur cette base, que les professionnels ont axé leurs offres estivales, pour sauver autant que faire se peut, une année largement impactée, et ne comptant plus que sur le tourisme interne. L’ONMT a d’ailleurs lancé une campagne inédite, vantant la beauté de nos sites par des capsules digitales de grande qualité, permettant de découvrir le meilleur du Maroc pour les marocains #ntla9awfbladna. Campagne relayée par Tourisma Post avec un sondage sur la destination nationale qui fait rêver les marocains.

Or pour se rendre d’une Zone à une autre, il faut absolument passer par la case « Autorisation » de circuler et avoir une réservation d’hôtel. Du coup, les gens se sont rués sur les « bachaouiates », pour obtenir le fameux sésame avec plus ou moins de réussite et surtout des queues et des listes d’attentes où la distanciation sociale est peu ou prou respectée.

Plusieurs personnes munies de réservations d’hôtel et sans laisser passer, se sont vus refoulés soit à l’entrée soit à la sortie de l’autoroute dans l’axe Casa – Marrakech avec parfois une amende pour non-respect d’état d’urgence sanitaire.

Pour ceux d’entre nous qui se sont aventurés à tenter l’aventure tourisme interne par temps de pandémie, ils ont en eu pour leur frais, un flop total avec cerise sur le gâteau, l’impossibilité totale de se déplacer durant la fête de l’Aïd El Kebir pour le long week-end du 30 Juillet au 3 Aout pour éviter la propagation du virus.Juste avant le chef de Gouvernement avait autorisé les unités d’hébergement à utiliser 100% de leur capacité, et les transports en commun 50% de leurs sièges. Durant cette longue période, les déclarations passent de l’espoir d’une reprise à l’anéantissement de tous les efforts produits pour y accéder.

Enfin, le 6 aout , c’est la signature du Contrat Programme 2020-2022 pour le secteur du tourisme, un document sur lequel se fondaient tous les espoirs pour soutenir et relancer l’activité touristique entre d’un côté :

  • l’État représenté par le Ministère de l’Économie, des finances et de la reforme de l’administration , le Ministère du Tourisme, de l’Artisanat, du transport aérien et de l’Économie Sociale et le Ministère du Travail et de l’insertion Professionnelle et
  • de l’autre le secteur privé représenté par La Confédération Nationale du Tourisme et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc.

Un document d’anthologie sur lequel ont planché des experts de tous bords et dont les axes principaux sont la préservation de l’emploi, le soutien économique et financier pour la reprise, la stimulation de l’investissement et la transformation de l’outil de production enfin l’activation et le renforcement de la demande touristique.

De tous ces axes, le seul a avoir marqué les esprits est sans aucun doute le premier qui se matérialise par une indemnité Covid de 2000 dirhams qui sera versée à tous les salariés du secteur du tourisme, inscrits à la CNSS au mois de Février 2020. Sauf, que certains salariés du secteur ont été ignorés : ceux de la restauration et les intérimaires.

Pour les seconds, et ce n’est un secret pour personne, l’hôtellerie et le tourisme en général étant des activités saisonnières, font appel et de manière fréquente aux intérimaires en haute saison.

Pour les restaurateurs touristiques, et là on parle de restaurants qui font la promotion de la gastronomie marocaine, qu’ils soient urbains ou ruraux, ils ont tout simplement été confondus avec les restaurants qui ont effectivement repris au lendemain de la levée du confinement.

Cette méprise a été très mal vécue par l’ensemble de la communauté du tourisme, sans compter les loueurs de voitures sans chauffeurs qui travaillent exclusivement avec la clientèle touristique et dont la meilleure preuve est le parc de voitures garées dans les différents aéroports du Royaume.

En fait, après avoir attendu plusieurs mois sans aucune activité, ce contrat programme n’aura pas répondu à l‘attente des professionnels du tourisme, qui au-delà des 21 mesures inclues dans le contrat programme, n’espèrent in fine qu’à une reprise de leurs activités. Hélas, cette dernière est tributaire de l’éradication du virus qui en l’état n’est pas encore  perceptible. Donc, le tourisme devra encore attendre une hypothétique levée d’état d’urgence sanitaire mondiale.

Un climat d’anxiété s’installe à tous les niveaux, la confiance qui prévaut pour une activité touristique sereine fait défaut et tous les maillons de la chaine commencent à craquer pour laisser place à un doute…..    

Pour conjurer le mauvais sort, des réunions sont organisées avec le Ministère du Tourisme, la RAM, l’ONMT, le CESE, le GPBM  et tout ce que le Royaume compte comme institutions à même de sortir le tourisme de sa torpeur. Beaucoup de bienveillance des uns et des autres, des scenarii de crise sont envisagés, des démarches entreprises sans que cela puisse résoudre une équation à plusieurs inconnues dont la plus omniprésente reste le Coronavirus.

Passe donc l’été, puis l’automne avec son lot de déception et tout le monde commence à espérer pour les fêtes de fin d’année. Les entreprises souffrent de plus en plus et les salariés avec. Le moratoire prévu dans le contrat programme( Mesure 7) tarde à se mettre en place et les banques semblent ignorer ce point et continuent à relancer les entreprises et les hommes pour récupérer leurs dus. L’anxiété fait place à la peur du lendemain.

En fait le pic des contaminations qui a atteint des niveaux records au mois de novembre est inversement proportionnel au  moral des professionnels, malgré les efforts de l’ONMT avec l’organisation du Tourisme Marketing Day dans un format inédit et regroupant des personnalités internationales du monde du tourisme, Tour Operateurs et compagnies aériennes et malgré l’intervention du Ministre des finances lors d’une Méga Visio Conférence à la CGEM sur les perspective de relance de l’économie nationale. Les professionnels doutent, cette crise ne ressemble en rien aux précédentes.

Idem pour le Forum Chine- Maroc initié par la république de Chine en collaboration avec Les Ministères du Tourisme et celui de la Culture, vantant la personnalité d’IBN BATOUTA en sa qualité de grand voyageur marocain, un évènement de grande qualité offrant certainement des perspectives de relance mais sans effet sur des professionnels avec une boussole bloquée.

L’année 2020, va s’achever sur une autre déception, la mise sous cloche de plusieurs territoires touristiques et annulation de toutes les festivités de fin d’année.

Fin de la Saison 2 – A suivre….

Author: Fouzi ZEMRANI

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1 Comment

  1. Si Fouzi, la mesure 7 du contrat programme n’est toujours pas appliquée, et c’est à ma connaissance la seule dans ce cas.
    Pour témoigner de mon histoire personnelle, je suis très régulièrement appelé par mon établissement de crédit qui me demande a chaque fois de payer mes échéances. J’ai même reçu des lettres me prévenant au passage que je serais sur la liste noire des établissements de crédits marocain si je ne me présentais pas dans les meilleurs délais à leur siège pour payer.
    Et comme je suis un garçon poli, je ne vous ferais pas part de tous les noms d’oiseaux qui me viennent en tête quand je pense à ces établissements et à leur façon de faire, particulièrement en ces temps de crise. Quel manque de déontologie et d’humanisme…
    Malheureusement, mes interlocuteurs ne sont pas au courant et n’ont reçu aucune directive. Personne ne bouge, sauf ceux qui agonisent pour trouver de l’argent et éviter d’agrandir le gouffre.
    Cette situation scandaleuse ne mériterait-elle pas à elle seule une tribune sur ton blog?

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